Points de vue
JOURNEE INTERNATIONALE DE LA LANGUE MATERNELLE : LES LANGUES SONT UNE RICHESSE
février 18, 2019
Chaque année, le 21 février, des communautés du monde entier célèbrent la Journée internationale de la langue maternelle. Selon l’UNESCO les objectifs de cette journée sont de « promouvoir la diversité linguistique et l’éducation multilingue ». L’événement annuel sensibilise également aux langues en danger de disparition. On estime à 6 000 le nombre de langues parlées dans le monde, mais étonnamment, au moins 43 % d’entre elles sont considérées comme « en danger ».
Cette année, en particulier, attire l’attention sur les dangers inhérents à la perte de la langue. Les Nations Unies ont déclaré 2019 comme l’année internationale des langues autochtones, afin de les promouvoir et de les protéger, ainsi que pour souligner l’importance de la préservation d’une langue pour l’identité et l’histoire culturelle.
De telles initiatives de sensibilisation renforcent la signification des langues, non seulement pour nos communautés, mais aussi pour nos identités personnelles. Un certain nombre d’études ont cherché à examiner l’influence de notre langue sur nous en tant qu’individus. La langue est-elle simplement un outil de communication ou fait-elle plus que cela ? La langue que nous parlons a-t-elle un impact sur notre façon de penser ?
C’est un sujet fascinant abordé dans les revues anglophones Psychology Today et Science mag, qui tient compte de la manière dont les locuteurs de différentes langues font des observations, et de l’importance que chaque individu accorde à certaines actions. Ces facteurs peuvent affecter notre perception et notre vision du monde.
Parler plus d’une langue, c’est non seulement accéder à un vocabulaire très étendu, mais également à différentes formes d’expression. Lorsque nous apprenons une langue, nous nous immergeons non seulement dans de nouveaux mots, mais aussi dans la culture et l’histoire qui ont donné naissance aux vocabulaires et expressions de cette langue.
À titre d’illustration, il existe des cas où un mot d’une langue n’a pas d’équivalent dans une autre. L’article susmentionné de Psychology Today propose le merveilleux exemple du mot portugais « saudade » qui signifie « l’amour et le désir ardent de quelqu’un ou de quelque chose qui a été perdu et qui ne peut jamais être retrouvé », et qui n’a pas d’équivalent en anglais ou en français.
L’idée qu’il est possible d’exprimer un concept – parfois ambitieux – via un seul mot succinct dans une langue, mais pas dans une autre, est fascinante. Nous trouvons un exemple courant de cela avec « schadenfreud » : « plaisir tiré par une personne du malheur d’une autre personne ». À défaut d’équivalent concis, l’anglais adopte l’allemand, bien que je vienne de découvrir qu’il existe aussi une pléthore d’autres langues dans le monde entier, et que j’ai encore plus le sentiment que l’anglais est en train de passer à côté. Le français de son côté a choisi la forme de l’expression verbale « se réjouir du malheur d’autrui », autres alternatives « joie malsaine » ou « joie maligne ».
Autre formidable exemple, le « lagom » suédois, soit un état ou une qualité « qui n’est ni trop, ni trop peu ». En anglais et en français, nous avons comme équivalence le méconnu « principe de Boucles d’or » qui n’est ni charmant ni explicite, si ce n’est pour ceux qui connaissent le conte de fées.
La culture et l’histoire sont étroitement liées aux langues que nous parlons et à la façon dont ces langues évoluent, des néologismes enrichissant constamment notre lexique. La Journée internationale de la langue maternelle souligne l’importance de la diversité linguistique et fait passer le message que perdre une langue, c’est perdre une source de connaissance irremplaçable.